La colère est une émotion mal-aimée: elle fait peur, met mal à l’aise, ou donne même envie de fuir. Elle n’a pas bonne presse dans notre civilisation, et nous sommes conditionnés depuis tout petits à avoir un rapport compliqué avec elle. Il est vrai qu’elle peut s’avérer menaçante ou même dangereuse, surtout quand elle n’est pas acceptée ou mal gérée. Pourtant, elle peut s’avérer très constructive. Voici quelques quelques astuces pour l’apprivoiser et vivre avec elle.
1. Faire sa connaissance
Votre colère est donc une manifestation d’un état intérieur. Il ne s’agit pas de la nier, de l’amoindrir ou de la supprimer: elle peut vous être très utile, et surtout, elle fait partie de vous. Le plus épanouissant est plutôt d’apprendre à vivre avec elle. Pour cela, il est intéressant d’apprendre à la reconnaître, et de déterminer à quoi elle ressemble. Mieux vous la connaîtrez, moins elle vous surprendra, et moins vous vous retrouverez à, soudainement, exploser de rage.
Pour cela, observez-vous quand vous vous sentez en colère, et déterminez comment elle se manifeste dans votre corps: noeud dans l’estomac, mâchoires et poings serrés, vue qui se trouble, coup de chaud, respiration rapide, maux de tête, envie de marcher – parfois à toute vitesse, difficultés de concentration, coeur qui bat fort, tensions dans les épaules, nuque raide,…
Petit à petit, vous parviendrez à reconnaître les signes précurseurs, et, du coup, à mettre en place des stratégies et des actions pour vous permettre de la laisser circuler souplement plutôt que de la contenir jusqu’à ce qu’elle prenne possession de vous.
2. Accepter son talent
Au même titre que la joie, la peur, la tristesse ou le dégoût, la colère est une émotion fondamentale. Tout être humain ressent de la colère, mais peu l’exprime de manière authentique: beaucoup ont été éduqués à masquer ou travestir cette émotion qui va souvent de pair avec le conflit.
Or, la colère est le pendant émotionnel de l’agressivité, une composante primordiale de la personnalité humaine. Cette agressivité est cet instinct tellement utile à notre survie, celui qui pousse le nourrisson à hurler sa colère quand il a faim, la petite fille à se défendre quand on la bouscule dans la cour d’école, ou l’adulte à décupler sa force en cas d’agression. Cette agressivité positive et la colère qu’elle engendre chez nous est une expression claire de notre talent à survivre.
En somme, exprimée avec justesse, elle nous permet de nous faire respecter.
3. Comprendre notre relation avec elle
Se mettre en colère n’est pas facile pour tous. Pourtant, tout nouveau-né arrive au monde avec un registre d’émotions très large, qui va de la tristesse à la joie, en passant par la colère et la peur. Il les ressent pleinement, et les exprime sans filtre. Puis, au fur et à mesure de l’éducation, l’enfant apprend à canaliser ses émotions et à les exprimer de manière acceptable par la société. Cet apprentissage varie pour chaque enfant: les codes de gestion de ses émotions qui lui sont inculqués dépendent de son entourage éducatif.
Ainsi, dans certains environnement, la tristesse n’est pas tolérée, et l’enfant va donc apprendre à ravaler son chagrin, et à lui substituer une autre émotion, qui fait alors ‘vitrine’. Il choisira, pour donner le change, une émotion qui est acceptée voire valorisée dans son environnement éducatif. Il en va de même pour la colère: si l’enfant sent que la colère n’est pas tolérée autour de lui, il va mettre en place une stratégie pour transformer sa colère en une émotion qu’il se sent en droit d’exprimer.
Déterminer quelles émotions étaient tolérées dans notre enfance, et comment la colère était considérée peut aider à comprendre notre relation que nous avons avec elle en tant qu’adulte.